Le 8 mars, SWMRS était de passage à Paris pour un concert au Point Éphémère afin de présenter leur nouvel album Berkeley’s On Fire en live. Avant le concert, nous avons eu l’opportunité de discuter de cet album avec Cole Becker (voix et guitare), Max Becker (guitare et voix), Seb Mueller (basse) et Joey Armstrong (batterie) :
Votre nouvel album Berkeley’s On Fire est sorti le 15 février, quelle a été votre principale inspiration pour cet album ?
Max : Beaucoup de choses ! En résumé, je pense que nous avons essayé de faire un album qui parle à autant de personnes que possible. Chaque chanson parle à qui veut bien l’entendre. Il y a des chansons douces, des chansons rapides, des chansons dansantes, des chansons heavy, vous pouvez toutes les aimer ou alors peut-être qu’une en particulier vous touche. Notre but était de faire un album qui atteigne un plus grand groupe de gens.
Ce n’est pas difficile d’aller dans différentes directions musicales lorsque l’on fait un album ?
Max : On pourrait croire que oui.
Seb : Mais c’est venu assez naturellement.
Max : Au final, c’est la musique que nous écoutions déjà et je pense qu’au niveau des paroles, nous serons toujours nous-mêmes donc peu importe la musique que l’on construit autour de ces paroles, du moment que nous sommes minutieux, ça nous ressemblera.
Cole : En fait, on écoute ce qu’on ne soupçonnerait pas un groupe de punk d’écouter, on aime et on écoute tous les types de musique. Nous ne nous sommes pas forcés à faire en sorte que chaque chanson soit différente, c’est venu comme ça. Nous avons probablement écrit 30 chansons pour cet album mais nous avons sélectionné les 10 qui étaient les meilleures dans chaque catégorie.
Parmi ces dix chansons, laquelle a été la plus dure à finir ?
Max : Steve Got Robbed a été dure à finir mais juste parce qu’on l’a gardé pour la fin. Les plus dures étaient soient Berkeley’s On Fire soit Lose Lose Lose parce que c’était un nouveau type de chanson pour nous donc nous voulions vraiment qu’elles soient parfaites. Nous les avons toutes les deux enregistrées beaucoup de fois, surtout les guitares. C’est seulement lorsque nous avons trouvé un amplificateur des années 40 que nous avons trouvé le son de guitare dans Berkeley’s On Fire. Ces chansons sont des déclarations pour nous donc on voulait vraiment s’assurer que ce soit le cas.

En parlant de prise de position, la chanson Berkeley’s On Fire nous a marqué par son côté politique. Pouvez-vous expliquer pour des personnes qui ne sont pas américaines ce qu’est Berkeley et le message de la chanson ?
Cole : Berkeley est une ville en Californie. Nous voulions parler de quelque chose qui arrive souvent en France également, lorsqu’il y a une manifestation et qu’il y a 100 ou 200 personnes et que ça devient un petit peu violent mais pas dangereux mais quand tu allumes la télévision, on dirait une zone de guerre. Nous voulions parler des informations, aux Etats-Unis en particulier, qui utilisent des images pour diviser les gens et font en sorte que la société fonctionne d’une façon particulière, basée sur la peur. Nous voulions écrire de la musique et créer un espace où les gens n’auraient pas peur les uns des autres et peuvent être eux-mêmes.
Est-ce que ces infos, cette négativité, ont une influence sur vous et sur votre musique ?
Cole : Je pense que oui. Notre président Donald Trump est un sombre crétin mais il est très doué pour rendre les infos intéressantes. Tu veux toujours lire ou écouter les infos parce qu’il est tout le temps en train de faire quelque chose de stupide. Je pense que nous sommes tous accro aux infos, c’est addictif et intéressant et c’était dans nos esprits tous les jours quand nous faisions l’album donc ça s’est reflété dans les paroles.
Vos chansons abordent des sujets forts, vos paroles sont engagées mais est-ce que vous mettez des limites lorsque vous composez ?
Cole : Non !
Seb : Aucune limite.
Cole : Nous essayons toujours de nous pousser les uns les autres à écrire quelque chose qui n’est pas cliché et qui est très spécifique. Nous essayons un maximum de mettre nos perspectives et nos personnalités dans notre écriture parce que si tu ne le fais pas, une machine aurait pu l’écrire.
Max : Un bon exemple est la chanson Too Much Coffee. Avec le refrain, ça aurait pu être une chanson clichée : « Don’t tell me how to sing this song » (ne me dit pas comment chanter cette chanson), genre « Va te faire voir ! » mais dans le couplet, quand tu parles de café et de chaussons aux pommes ou de passer la nuit sur le canapé d’un ami, ces détails spécifiques rendent la chanson moins clichée, plus individuelle. C’est ce que nous essayons de faire avec nos paroles.
La nouvelle vient de tomber, vous allez faire la première partie de Muse pour deux dates lors de leur tournée américaine. Comment vous sentez-vous et qu’espérez-vous que cette opportunité vous apporte en tant que musiciens ?
Joey : Muse est une influence pour nous depuis le début de notre carrière, de notre vie même. Nous parlions justement l’autre jour du fait que Muse sont capables de sortir des albums différents des uns des autres mais qui restent des albums de Muse et je pense que c’est quelque chose qui nous a inspiré. Nous avons hâte de les regarder jouer et d’apprendre certaines choses qu’ils font en live parce que c’est très technique et ils font de grands concerts.
Max : Ce qui est bien aussi c’est que c’est une marque d’approbation. C’est génial parce que nous essayons vraiment de faire quelque chose de nouveau et quand tu fais ça, quand tu te lances, c’est flippant. Tu espères que les gens, la presse et les fans soient réceptifs mais qu’un grand groupe comme Muse comprenne et apprécie, c’est très important pour nous et nous sommes très reconnaissants. On espère qu’on pourra faire plus, on espère qu’ils nous aimeront, nous aimerions beaucoup partir en tournée avec eux.
Avec Muse, vous allez jouer dans des grandes salles, vous allez faire des festivals cet été, comment est-ce que vous vous adaptez quand vous passez de petites salles à de grandes salles ? Comment est-ce que votre interaction avec le public change ?
Joey : Je pense que c’est facile pour nous parce que nous nous préparons depuis un moment. Le nombre de personnes n’est pas important pour nous, nous donnerons le même type de show, soit beaucoup d’énergie, de la précision et de la grandeur. Qu’il y ait 2 personnes ou 300 ou 20 000, ça n’a pas d’importance, nous sommes prêts à jouer pour eux. Du moment que nous apportons de l’énergie et de l’authenticité, le public nous le rendra.
Max : Notre nouvelle disposition – nous étions 4 sur scène mais maintenant nous sommes 5 avec Jakob (le petit frère de Joey) qui joue de la guitare – nous permet d’être plus précis et de créer cette interaction entre Cole et le public. Puisqu’il n’a plus guitare, il peut utiliser ses mains, son corps et se rapprocher du public.
Cole : Je vois ça un peu comme si il y avait Jésus, je suis le pasteur, le public est la congrégation et je rapproche le public de Jésus.
Joey : Voilà le gros titre !
Max : Il est le lien entre nous et le public, ce que nous n’avions pas beaucoup avant et maintenant je pense que nous sommes plus prêts que jamais à jouer les plus grands shows de la Terre.
Joey : Quand nous étions en studio, nous avons parlé de la taille de l’espace pour laquelle nous voulions écrire des chansons et en fait, nous avons décidé d’écrire des chansons faites pour être jouées dans des grandes salles. C’est donc une bonne opportunité pour nous de nous entraîner avant de jouer nous-mêmes dans ce type de salle.
Cole : Peut-être au stade du PSG !
Max : Au Stade de France !
Joey : Avec Mbappé !
Cole : Et nous pourrons chanter l’hymne national avant le concert !
Max : Et « On est les champions ! »
Vous êtes un groupe depuis un bon moment (depuis 2005, sous le nom d’Emily’s Army), est-ce que c’est difficile de rester inspiré ?
Max : C’est ce que nous avons toujours fait, nous avons été musiciens presque toute notre vie, nous aimons composer de la musique en lien avec nos vies personnelles et je pense que ça sera toujours le cas. Ce n’est pas difficile d’être inspiré, ça vient naturellement.
Vous voyagez, découvrez des cultures, quelle influence ça a sur votre vie et comment ça se reflète sur votre musique ?
Joey : On en parle tout le temps, de ces belles occasions que nous vivons, où nous nous disons « putain de merde, c’est incroyable ! ». C’est inspirant, le Japon, la France, Barcelone, ce sont trois pays et villes où nous nous sommes dit « putain, c’est vraiment génial ». Nous essayons d’apprendre et d’étudier un maximum la musique qui vient de certaines cultures. Quincy Jones a dit « il faut étudier le passé pour créer quelque chose de nouveau », et pour nous c’est vraiment très important de voir tout ce que nous pouvons dans un endroit.
Cole : Quand les gens viennent à nos concerts dans un autre pays, ils sont très accueillants. C’est génial de voir comment une foule française réagit à quelque chose car c’est quelque chose de très spécifique à la culture française ou comment un public japonais réagit face à un groupe. Quand tu voyages, c’est la seule manière de voir un grand groupe de Japonais réagir à la musique et s’amuser.
Est-ce que les Japonais sont vraiment si silencieux que ça pendant les concerts ?
Cole : Oh mon Dieu, oui ! Mais pendant les chansons, ils sont déchaînés.
Joey : Je crois que le pogo le plus dingue que j’ai vu était au Japon pour Pennywise. La fosse était démente mais dès que la chanson se finit, c’est le silence total.
Pendant les répétitions, vous avez interprété une chanson en français et récemment vous avez chanté une chanson en espagnol. Est-ce que vous essayez d’écouter de la musique autre qu’en anglais et qu’est-ce que vous en tirez musicalement ?
Cole : Oui, pendant les répétitions, on a chanté Le Temps de l’Amour de Françoise Hardy. et nous avons interprété Volver, Volver de Vicente Fernández lors d’une session live.
Max : On a aussi chanté Banana Slip à un concert en France ! (oui, oui, il parle bien de Banana Slip de Lio)
Cole : Cette chanson est délirante !
Max : On le fait par hasard, il n’y a aucune barrière dans la musique que nous écoutons. On ne se force pas à écouter un type de musique, ou alors si on est en France on se dit « tiens, un peu de musique française » pour se mettre dans l’ambiance mais même à la maison, aux Etats-Unis, on peut en écouter si on aime le son.
Joey : Oui, tout est une question d’aimer la musique. Quand nous étions en studio, il y avait une playlist que nous écoutions beaucoup, c’était vraiment cool, il y avait un grand groupe de musiciens qui jouaient en harmonie. Je trouve que c’est important parce que dans la musique du monde plus particulièrement il y a de 15 à des centaines de musiciens qui jouent à l’unisson et c’est quelque chose qu’on apprécie et dont nous voulons comprendre le fonctionnement. Au final, une bonne chanson est une bonne chanson.
Si vous pouviez vous décrire les uns les autres avec une de vos chansons, laquelle ce serait ?
Joey : Je dirais que Cole est sans aucun doute April in Houston. Musicalement, il y a beaucoup de choses différentes mais le tout fonctionne. Aucune partie n’est trop spécifique mais l’ensemble l’est.
Max : Je pense que Seb a la personnalité de Steve Got Robbed car c’est bizarre et ça le sera toujours.
Joey : Mais on aime !
Max : Il y a beaucoup de facettes à découvrir chez Seb. C’est une personne très complexe. Il est bizarre mais il est parfait.
Joey : C’est une personne incroyable.
Cole : Steve Got Robbed est une chanson très précise. Seb est très précis et méticuleux dans tout ce qu’il fait.
Seb : Merci les gars !
Joey: Je dirais que Max est Too Much Coffee juste parce que musicalement, c’est tout ce qu’il a toujours voulu faire dans une chanson. Les paroles parlent de lui à des endroits précis, c’est assez personnel.
Max : Joey, je dirais Lose Lose Lose, pas au niveau des paroles mais par rapport à la batterie.
Cole : C’est la meilleure description de ce qu’il est capable de faire.
Seb : Il voudrait être Hellboy mais il est Lose Lose Lose !
Max : Personne ne veut être Hellboy !
Max : Il y a un peu de nous tous dans chaque chanson mais si on parle de moments phares, pour Joey, sa batterie dans Lose Lose Lose sans aucun doute. Cole, personnellement je pense qu’il est Berkeley’s On Fire. Et Seb, sa ligne de basse dans Bad Allergies était un moment de gloire pour lui.
SWMRS viennent d’achever leur tournée européenne mais ils seront de retour en Europe cet été pour des festivals. Le groupe, de part leur musique et leurs propos, prône un message d’égalité. Ils soutiennent ouvertement les minorités et créent ainsi un espace sûr pour tous leurs fans. Avec le caractère unique de leur musique, leur volonté de créer une communauté unie et de faire de l’univers punk un endroit tolérant, nous avons le sentiment que le groupe fera de plus en plus parler de lui.
Petit bonus, SWMRS ont laissé un message à leurs fans français :
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